Quatre critiques pour le prix d'une !
Eh oui, je sais, cela fait un bout de temps que je n’ai pas été active sur le blog ! Pour me faire pardonner, cette fois-ci je ne vais pas vous présenter un, mais quatre mangas ! Dernièrement, j’ai eu l’occasion de découvrir 4 shôjos, plus ou moins récents. Il faut dire que je ne me suis jamais vraiment intéressée aux shôjos (mis à part Nana). Mais j’ai fait un effort pour cette fois... Et je dois avouer que je ne suis pas aussi déçue que je le pensais. J’ai même été agréablement surprise par certains. Je vais donc vous éclairer sur ces 4 titres, et vous dire ce qui selon moi mérite d’être lu, ou non.
Akuma to love song
Titre japonais : 悪魔とラブソング (Akuma to love song)
Auteur : Toumori Miyoshi
Edition française : Kana
Nombres de tomes sortis en France : 5, en cours.
Résumé : Maria Kawai est transférée au lycée Totsuka après avoir été renvoyée de la prestigieuse école de Sainte-Catholia pour des raisons mystérieuses. Ses nouveaux camarades sont éblouis par sa beauté, mais se rendent vite compte des capacités exceptionnelles de la jeune fille pour démasquer leur véritable personnalité. Sa nature froide et son franc-parler amènent bientôt les élèves à la considérer comme un démon. Mais est-elle vraiment le monstre dont tout le monde parle ?
Mes premières impressions sur ce manga, c'est à dire mes a priori, se sont effacées dès que j'ai commencé à le lire. Je m'attendais à une sorte de Dark Shôjo dans le style de Vampire Knight... En fait, il n'en est rien ! Derrière cette jaquette sombre aux couleurs noire et rouge, ornée d'une croix gothique et d'une fille déguisée en lolita, se cachent des personnages amusants, une histoire originale et des dialogues improbables. Pour une fois dans un shôjo, les histoires d'amour sont mises en second plan. Et quand elles sont abordées, c'est avec si peu de tact qu'on en rit.
Il est très appréciable d'avoir un tel personnage en héroïne. Ca change des jeunes filles crédules et maladroites qu'on présente souvent dans les shôjos. Mais le franc-parler de Maria, si il provoque souvent des situations amusantes, est aussi une source de complexité de dialogues qui donne parfois un mauvais mal de crâne. "Pourquoi tu dis ça si tu ne pense pas que je pensais que tu pensais que c'était lui qui mentait alors qu'il disait la vérité... ?", c'est peut-être uniquement un souci de traduction, mais parfois, c'est juste incompréhensible.
Il est aussi très dommage que le manga plonge dans une simple histoire de persécution, qui n'est pas sans rappeler Life, et qui montre une cruauté de la part des élèves exagérée et peu crédible. La mangaka semble pourtant rattraper le coup en jouant sur l'humour.
Le style de dessin ne se détache pas vraiment du style shôjo. Grand yeux brillants avec pleins de cils, garçons au visage fin, beaucoup de détails au niveau des cheveux, présence de dessins chibi... Mais cela reste tout de même très agréable à regarder.
Un manga qui est donc porté par ses personnages, et dont l'humour relève les faiblesses de scénario.
Strobe Edge
Titre japonais : ストロボエッジ (Strobe Edge)
Auteur : Sakisaka Io
Edition française : Kana
Nombres de tomes sortis en France : 7, en cours.
Résumé : Ninako est une lycéenne naïve qui n’a jamais connu l’amour. Quand ses amies lui disent que de toute évidence, elle est amoureuse de Daiki, son ami d’enfance, elle est tentée de les croire. Mais lorsqu'elle se rapproche de Ren, l’idole de toutes les filles, elle découvre de nouveaux sentiments qu’il est difficile d’ignorer. Le problème, c’est que Ren a déjà une petite amie, qui se trouve être la sœur de Daiki…
Strobe Edge est un manga vraiment très agréable. Les dessins sont mignons, doux, sensibles, on reconnaît bien le style shôjo avec tout de même une touche personnelle. Malheureusement, agréable ne veut pas dire original, et c'est l'un des gros défauts de ce manga. Je l'ai apprécié car il est très facile d'accès, que ce soit dans la psychologie des personnages que dans le style ou dans le scénario. Mais cela ne suffit pas à faire un bon manga. Strobe Edge manque cruellement de choses nouvelles. On a l'impression de retrouver un mix de plusieurs autres shôjos. Tous les clichés y sont : L'héroïne naïve, le garçon parfait dont toutes les filles sont amoureuses, le rival coureur de jupon, le triangle amoureux, les scènes de jalousie... A un tel point que le manga entier devient prévisible.
Cependant tout n'est pas à jeter. Pour les habitué(es) du shôjo manga, celui-ci ne sera qu'un shôjo de plus. Mais il est aussi le manga idéal pour les novices qui souhaitent s'initier au genre. Il peut aussi convenir à tous les âges, car il vise un très large public.
En effet, même si Strobe Edge est constitué de tous les ingrédients basiques du shôjo, il est prouvé que ces ingrédients marchent, et on ne change pas une équipe qui gagne, comme on dit.
Les personnages restent attachants, et l'histoire, sans profondeur, est mignonne. Elle aborde les sentiments amoureux de façon délicate et fleur bleue. Inutile de préciser qu'il sera difficile de faire lire ça à un garçon...
Cat Street
Titre japonais : キャットストリート (Kyatto Sutorīto)
Auteur : Yoko Kamio
Edition française : Kana
Nombres de tomes sortis en France : 8, série finie.
Résumé : El Liston est une école un peu spéciale, qui accueille les élèves qui ne peuvent pas aller dans des écoles normales. C’est le cas de Keito. Son passé d’enfant star continue de la hanter, et l’a fait devenir Hikkomori (quelqu’un qui reste confiné chez soi, sans vie sociale). En entrant à El Liston, Keito découvre pourtant l’amitié, et reprend foi en l’avenir. Mais ce n’est pas toujours facile d’oublier les fantômes du passé…
Cat Street est un véritable coup de coeur pour moi. Le manga dégage d'une sincérité qu'il est très rare de voir dans les shôjos, où les relations entre les personnages tendent à être superficielles ou exagérées. Avant d'être une histoire d'amour, Cat Street est d'abord une histoire de vie, qui ne se contente pas d'aborder des problèmes classiques du genre (je t'aime moi non plus, j'essaie d'avoir une bonne note à mes examens ect.) mais joue dans l'originalité quant à l'intrigue et à la psychologie des personnages.
Il y a également quelque chose de très poétique dans ce manga. Peut-être est-ce du aux dessins empreints d'une légèreté et d'une volupté assez rares, ou tout simplement aux personnages eux-mêmes : des chats errants, qui au-delà même du désir de s'intégrer, recherchent chez les autres un peu de compassion, et d'amitié.
Cat Street reprend le thème de la célébrité (que j'avais déjà beaucoup apprécié dans Nana) en y ajoutant une dimension humaine, dont il ressort quelque chose de très vrai.
Bien sûr, il subsiste quelques maladresses, encore une fois le côté cruel des antagonistes est très exagéré et enlève à la crédibilité de l'histoire. Mais on sent tout de même une volonté de la mangaka de rester sincère dans ce qu'elle tente de communiquer : une leçon de vie, l'importance de se battre même dans les pires situations, et surtout, rester fidèle à soi-même.
Vous l'aurez compris, Cat Street est, parmi ces quatre mangas, celui que j'ai préféré.
Le sablier
Titre japonais : 砂時計 (Sunadokei)
Auteur : Ashihara Hinako
Edition française : Kana
Nombres de tomes sortis en France : 10, série finie
Résumé : Après le divorce de ses parents, An quitte Tokyo avec sa mère pour s’installer dans un village de montagne, où vit sa grand-mère. An rencontre Daigo, un jeune garçon de son village, avec qui elle se lie bien vite d’amitié. Mais sa vie est sur le point d’être bouleversée par un évènement tragique…
Le Sablier est le dernier des quatre mangas que j'ai lu. Pour dire la vérité, je n'ai pas trop accroché, mais j'ai conscience que cela n'est qu'une question de goût, car en toute objectivité, Le Sablier est un très bon shôjo. Rien que l'environnement dans lequel il se déroule le démarque des autres : la neige, la montagne, il est rare que ce genre de décor soit choisi dans les shôjos.
Les thèmes abordés sont originaux, sérieux, sans pour autant que cela plonge dans le mélodramatique : des sujets en général tabous et bannis du vocabulaire shôjo comme la mort, le deuil, le passage de l'enfance à l'adolescence, y sont abordés de manière subtile et intelligente. Le shôjo ne souffre pas de l'habituelle pudeur japonaise, qui en cachant certains problèmes rééls de l'adolescence, créé des intrigues superficielles et peu crédibles. Le Sablier est peut-être le shôjo qui se rapproche le plus de réalité dans les quatre que j'ai lu.
Alors pourquoi ne m'a t-il pas plu ? La raison est assez simple et plutôt absurde. Je trouve que le manga dans son ensemble est très brouillon. Que ce soit les dessins, que je qualifirais d' "approximatifs", ou du scénario, qui ne semble pas avoir de réélle continuité. Mais il faut avouer que, si il n'est pas à mon goût, il sera peut être au votre, car cela donne une vraie identité au manga. Bien entendu, il se destinera à un public plus mature que pour les mangas précédents, car il est en certains aspects assez sombre, mais sa façon de traiter le difficile passage à l'âge adulte est très intéressante et certains pourraient parfaitement s'y retrouver.
La lecture de ces quatre shôjos m'a vraiment prouvé que malgré des éléments récurrents qui tombent très vite dans le cliché, le genre regorge de bonnes surprises, de séries pas trop longues et agréables à lire. A travers des histoires d'amour parfois assomantes, les shôjos parlent avant tout de la vie, certes édulcorée pour la plupart, mais qui tendent à faire rêver avec beaucoup de poésie.
N'hésitez pas à me faire partager votre propre avis sur ces quatre mangas !